LUCIEN DUVAL
1er Février 1943.
J'entre dans la
Résistance.
Enfin, j'allais pouvoir œuvrer de façon active contre
l'occupant.
Le désir de se battre pour la Patrie
meurtrie, de lui rendre sa liberté et son honneur, explique
pourquoi quelques milliers d'hommes et de femmes qui refusèrent, à
un moment de notre Histoire, d'accepter l'inacceptable, s'engagèrent
dans toutes les formes de résistance : réseaux, mouvements,
formations armées des maquis et groupes francs, résistance
extérieure dans les unités de la France Libre.
Le Résistance fut un moment
exceptionnel pour la France.
La lutte fut la même pour tous les
Résistants. Les dangers également partagés, puis les succès quand
ils vinrent. Et tous les résistants qui eurent le bonheur de la
vivre communièrent dans l'enthousiasme de la victoire commune.
André Virel était en contact avec la
Résistance. Dès 1940 il se signal à Grenoble par son activité
anti-allemande ce qui lui causa quelques ennuis qui le conduisirent à
s'engager en 1941 au 24ème B.C.A. C'est là que se créèrent nos
premiers liens.
Revenu à Grenoble après la
dissolution de l'armée de l'armistice, il est chargé de monter,
sous la responsabilité de Pierre ( Jérôme Stroveis ) ingénieur
électrotechnicien, un secteur de transmission radio avec Londres. Il
appellera à ses côtés ses anciens camarades chasseurs : capitaine
Georges Duranceau, Gaston Vatelet, Roger Pornet, Paul Chassignat,
André Roche et moi-même.
Nous ne savons par pour qui nous
allons travailler, si ce n'est avec Londres. Gage de notre engagement
pour les Alliés : Nous choisissons un message pour quelques jours
plus tard nous entendrons sur Radio-Londres.
Nous allons être
occupés à plein temps par notre nouvelle activité. Pas de souci
matériel. Nous percevrons une solde comme tout militaire engagé.
Pur moi elle sera, pour débuter, de 2500 A.F. Par mois.
Le secteur,
baptisé Anel ( André Virel ), se structurera rapidement par le
recrutement de radios ( comme mon ami Roger Barrières déserteur de
l'armée de l'air) gardiens, agents de liaison, boites
aux lettres.
L'effectif du secteur atteindra jusqu'à 29 agents P2 (
agents permanents) et P1 ( agents non permanents ) et autant d'agents
P0 ( agents occasionnels ). Une minorité d'hommes et de femmes
s'engagèrent dans la Résistance. Des femmes admirables qui osèrent
affronter la redoutable machine de guerre allemande en menant le
combat dans les rangs de la France Combattante.
Sous mes ordres,
elles furent boites aux lettres, agents de liaison, refuges et lieux
d'émission, toujours volontaires pour de multiples missions qui
toutes comportaient des risques.
Le Réseau s'est
ainsi développé et renforcé, composé d'hommes et de femmes
n'ayant aucune expérience de la clandestinité, ce qui n'a pas
freiné leur désir de lutter.
Ce n'est qu'après
la libération que nous saurons à quel réseau nous appartenions :
le Réseau Interalliés «F2» créé dès 1940 par d'anciens
officiers polonais, dépendant de la French Section du M.I.6. Il
comprendra jusqu'à 2800 agents, dont 739 agents P2.
Mes fonctions prendront de l'importance au fil des mois et,
lorsque Jean sera appelé à d'autres importantes fonctions au mois de Juin 1943,
la responsabilité du secteur me sera confiée avec comme adjoint Roger Pornet.
Le secteur sera dénommé Karcial-Kar venant de Karbo pseudo de Stroveis et Cial
mon pseudo.